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Hugo Houle et Guillaume Boivin favorables au protocole sur les commotions cérébrales

jeudi, 17 décembre 2020
Chute

L'Union cycliste international (UCI) s'apprête à instaurer de nouvelles mesures de sécurité pour protéger les athlètes plus adéquatement l'an prochain.

Un protocole pour détecter les commotions cérébrales sera mis en place en 2021 afin d’éviter que les coureurs poursuivent une course après une chute lorsque leur tête a heurté le sol.

« Déjà, le fait d’en parler et d’être plus ouvert, ça va éveiller l’esprit de plusieurs, soutient Hugo Houle. J’ai déjà vu certains scénarios où c’était clair que la personne avait perdu connaissance et on l’a forcé à remonter sur son vélo. Certainement qu’il y a de l’éducation à faire.»

« Le cyclisme est en retard comparativement à d'autres sports dans le cas des blessures à la tête, estime Guillaume Boivin. Il était temps que ça arrive.»

L’exemple de Romain Bardet, remonté en selle après une violente chute au Tour de France et qui avait dû abandonner la course le soir venu, a abondamment fait jaser dans le monde du vélo. C’est ce genre d’incident que souhaite enrayer l’UCI.

« Dans notre sport, il y a une culture où c’est quasiment proscrit d’arrêter, surtout dans les grands tours, avec tous les efforts qu’on met pour arriver à ce niveau-là, indique Houle, membre de l’équipe Astana. Éventuellement, il faut que les mentalités changent face aux chutes et aux blessures, mais il y en a tellement que ce n’est pas évident de juger l’état du coureur.»

« C'est vraiment valorisé, pas juste dans notre sport, mais dans plusieurs autres. Je ne sais pas si c'est juste du côté masculin, mais c'est vraiment valorisé d'être un dur qui dit qu'il n'a pas mal. C'est ce qui fait de nous de grands athlètes, j'imagine, mais quand vient le temps de penser à notre cerveau, je pense qu'il faut être plus intelligent que ça», a expliqué Guillaume Boivin.

Cas vécu

Le protocole recommande que les directeurs sportifs des équipes, les mécaniciens et les coureurs soient formés pour détecter les signes suspects d’une commotion cérébrale, tels que les maux de tête, un manque d’équilibre ou des difficultés d’élocution. Le diagnostic devra être confirmé par le médecin de course.

Guillaume Boivin a subi au moins deux commotions cérébrales en vélo, sans compter d’autres dont il a souffert au hockey, lorsqu'il jouait pour les Riverains du Collège Charles-Lemoyne, dans la Ligue midget AAA.

« À Paris-Nice, cette année, je suis tombé à la quatrième étape, je ne sais plus trop (NDLR : c’était la 3e), à 5 km de l’arrivée, peut-être un peu moins. Je me suis cogné la tête et je n’étais pas trop certain le soir. J’ai terminé l’étape parce que ce n’était pas loin et j’étais tout seul. Je me suis rendu à la ligne en disant qu’on prendrait une décision après. C’est l’un des problèmes de notre sport parce que si cette chute-là arrive avec 90 kilomètres à faire, dans un peloton, ça peut devenir très dangereux.»

« Le soir, je me sentais moins bien. Mais je me trouve chanceux, j’ai joué au hockey toute ma vie, je suis un grand amateur de hockey, étant Canadien. J’ai été plus exposé aux problèmes des commotions cérébrales. J’ai parlé aux docteurs. Ce n’était pas des symptômes très aigus, mais je ne me sentais pas normal et les docteurs des équipes connaissent quand même ça. Et ils ont dit : ‘'On ne prendra pas de chance'' parce que ça peut être vraiment dangereux et un cerveau, il faut y faire attention.»

« Si la même chute était arrivée au Tour de France, j’aurais peut-être eu zéro symptôme, avoue cependant Boivin. La décision aurait été beaucoup plus difficile à prendre.»

Hugo Houle n’a jamais subi de commotions cérébrales en 12 ans dans le cyclisme professionnel et dit n’avoir vu que deux incidents au cours desquels des cyclistes ont perdu la carte. Et il ne sait pas comment il réagirait initialement si quelqu’un voulait l’obliger à interrompre une course d’importance à cause d’un choc à la tête.

« C’est clair qu’il y aurait de la déception, dit-il. Nous travaillons tellement fort pour arriver là et être prêts. Être obligé d’arrêter comme ça, c’est sûr que ça peut être frustrant sur le coup. Je ne sais pas comment je réagirais. Mais je suis convaincu qu’avec un peu de recul, je serais très content que les gens autour de moi aient décidé de m’arrêter pour ma santé, ce qui me permettrait de mieux vivre par la suite. Ce n’est pas un cadeau qu’on fait à personne quand on le laisse continuer. On le met encore plus à risque de se blesser. Sur le coup, il y aurait une vague d’émotions et je serais déçu, mais tu n’es pas dans un état de comprendre quand tu n’es pas là à 100 %.»

Pour lire la suite de ce reportage sur les commotions cérébrales de Michel Chabot, cliquez sur le lien ci-dessous :

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