Clara Hughes
Athlète
Intronisé en 2016
Native de Winnipeg, au Manitoba (née le 27 septembre 1972)
Rivée à son téléviseur, Clara Hughes assiste, ébahie, à la performance olympique du patineur de vitesse québécois Gaétan Boucher. Inspirée, la jeune fille de 16 ans décide alors d’amorcer un virage à 180°. Elle cesse de fumer, s’éloigne des soirées trop arrosées et retourne sur les bancs d’école qu’elle avait quittés quelques mois auparavant. De décrocheuse à élève modèle, elle reprend sa vie en main et s’investit à fond dans le sport.
En 1989, elle participe à ses premiers Championnats canadiens en patinage de vitesse et s’impose parmi les meilleures en s’emparant de l’argent au 800 m. C’est le début d’une belle et longue carrière d’athlète pour Clara Hughes, qui effectue ses premiers coups de pédale en compétition l’année suivante. Elle clame les 3 premiers des 35 titres nationaux qu’elle totalisera en carrière, cyclisme et patinage de vitesse confondus. C’est donc trois victoires pour la nouvelle venue sur l’ovale. Pas mal pour une recrue!
En 1991, Clara Hughes signe un contrat avec l’équipe Specialized-Pedal et déménage à Hamilton (Ontario). Pour la première fois, elle enfile le maillot de l’unifolié à l’occasion d’un rendez-vous international : les Jeux panaméricains. Et ce maillot, elle y fait honneur en décrochant deux médailles, soit l’argent à la poursuite individuelle et le bronze au contre-la-montre par équipe. L’année suivante en est une olympique. Troisième au terme des qualifications olympiques, elle ne sera toutefois pas du voyage pour Barcelone.
L’équipe professionnelle Kalhua la recrute au début de la saison 1993. Le nom de Clara Hughes résonne de plus en plus sur le circuit américain, ainsi que sur la scène européenne. La spécialiste du contre-la-montre, ayant signé un parcours sans faute tout au long de la saison, s’arrête au pied du podium des Mondiaux en 1994. Aux Jeux du Commonwealth, elle et ses coéquipières grimpent sur la deuxième marche du podium à l’issue du contre-la-montre par équipe.
Après la dissolution hâtive de son ancienne équipe, Clara Hughes obtient une place au sein de la puissante formation Saturn, en 1995. Elle est couronnée vice-championne du monde au contre-la-montre, récolte deux médailles d’argent aux Jeux panaméricains et gagne la Liberty Classic Philadelphia. Mais le fait saillant de cette saison est sans conteste sa pré-sélection en vue des Jeux olympiques.
Clara Hughes entame l’année olympique en force, mais s’essouffle. En perte de vitesse, mais surtout de focus, elle est recalée en queue de peloton. Elle amorce alors une impressionnante remontée et reprend la tête. Au mois de juillet, elle est au sommet de sa forme quand elle se présente à la ligne de départ des Jeux, le couteau entre les dents. Double médaillée de bronze, ses efforts sont récompensés. Mais après une saison exténuante, elle est vidée physiquement et émotionnellement.
Après un petit hiatus, Clara Hughes retrouve ses sensations sur le vélo. En 1999, elle élit domicile au Québec afin de se rapprocher de son nouvel entraîneur, Eric Van den Eynde. Ce dernier sera d’une aide précieuse et jouera un rôle important dans la vie de l’athlète, tant sur le plan sportif que personnel. L’année qui suit est toutefois ombragé par le décès d’une coéquipière et amie, Nicole Reinhart, et ce, à quelques jours de sa participation olympique. Cette perte ravive un certain sentiment d’urgence, lequel mène Clara Hughes à renouer avec le patinage de vitesse, sport qu’elle avait délaissé durant quelques années.
Clara Hughes parvient à concilier les deux sports avec succès. En plus de ses brillantes performances sur la glace, elle s’illustre en cyclisme en remportant notamment deux médailles aux Jeux du Commonwealth, dont une d’or au contre-la-montre. En 2003, celle qui évolue habituellement sous les couleurs de l’équipe Volkswagen Trek troque son maillot pour celui de l’équipe nationale lors des Jeux panaméricains, d’où elle repart avec une collection de trois médailles, soit une de chaque couleur. Malgré un bilan de saison positif, elle est confrontée à une décision déchirante. Persuadée que son corps ne peut encaisser les cycles olympiques d’été et d’hiver en simultané, elle décide de se consacrer entièrement au patin et d’accrocher son vélo.
C’est en 2011 que Clara Hughes effectue un flamboyant retour à la compétition cycliste. Après une récolte de quatre médailles olympiques et six titres mondiaux en patinage de vitesse, elle quitte l’anneau de glace et remonte en selle. Toujours animée du même feu sacré, elle gravi les podiums, les uns après les autres. En effet, la représentante de l’équipe Specialized Lululemon décroche deux titres panaméricains, enregistre le meilleur temps au Chrono Gatineau et s’adjuge la victoire au général du Tour de Gila. Elle participe ensuite à ses derniers Olympiques, où elle signe le cinquième meilleur chrono, et ce, en dépit d’une blessure au dos. C’était le chant du cygne pour celle qui avait tout donné au sport et qui souhaitait maintenant se passer à une autre étape de sa vie.
Pendant et après sa carrière sportive, Clara Hughes s’investit auprès de plusieurs organismes, parmi lesquels figurent Right to Play. Par le biais de son implication dans la campagne Bell Cause parle pour la cause, elle contribue également à briser le silence entourant la santé mentale, ayant elle-même lutté contre la dépression.