Gabriel Lupien
bâtisseur
Intronisé à titre posthume en 2018
Natif de Maskinongé (né le 8 octobre 1926)
Enseignant au séminaire Saint-Alphonse, à Sainte-Anne-de-Beaupré, Gabriel Lupien est l’un des premiers éducateurs physiques en soutane au Québec. Dans les années 50, la pratique du vélo n’est pas encore très répandue dans la Belle Province. Il faut dire qu’à l’époque, le cyclisme suscite des craintes au sein de la population, qui estime que ce moyen de transport était dangereux.
Souhaitant changer la donne, le père rédemptoriste s’investit d’une mission, soit celle de transmettre son amour du sport aux jeunes tout en prodiguant des conseils de sécurité. Il fonde donc l’École de cyclotourisme au tournant des années 60. Le succès est vite au rendez-vous et la popularité est telle que l’école devient itinérante. Ainsi, chaque été, celui que l’on surnomme « le bon Dieu en vélo » enfourche son vélo pour exercer son ministère sur deux roues et parcourt plus de 3 000 km en deux mois.
En 1967, il crée la Fédération cyclotouriste provinciale, dont la vocation est d’offrir des activités cyclotouristiques. Après des changements de nom, l’organisme devient officiellement Vélo Québec en 1979.
En parallèle, il s’implique dans le milieu compétitif. En 1970, il participe à la mise en place d’un projet de jumelage entre un club québécois et un club français. À leur arrivée à Montréal, les visiteurs ont droit à tout un accueil. En effet, 150 cyclistes venus à vélo les attendaient à l’aéroport. De quoi frapper l’imaginaire, surtout à l’époque.
À titre de membre du comité d’implantation, il contribue à l’aménagement de pistes cyclables pour la Communauté urbaine de Montréal en 1973. Il agit aussi comme conseiller sur le Conseil québécois des loisirs et des sports, un comité consultatif sur les orientations ministérielles en matière de loisir et sport, en 1974.
Fonctionnaire pour le Ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche de 1976 à 1991, il veille au développement des pistes cyclables et des parcs et s’implique dans le dossier de la sécurité à vélo. Il développe notamment le concept de parc linéaire, qui permet de relier les zones habitées en combinant vélo, villégiature et vues panoramiques. Il s’agissait du mariage parfait de toutes ses passions : la pratique cycliste, le contact avec les gens et la beauté de la nature.
Même s’il ne participe pas aux activités courantes, le fondateur de l’ancêtre de Vélo Québec demeure tributaire d’une partie du succès de l’organisation, et par extension, de celui du Tour de l’Île, qui voit le jour le 13 octobre 1985. La première édition rassemble 3 500 participants, et ce, malgré une pluie diluvienne. Chaque année, le rendez-vous attire de plus en plus de gens. Avec 45 000 cyclistes, il rafle même le record Guinness du plus grand rassemblement cycliste au monde. Cela tend à confirmer le caractère populaire et démocratique de la pratique du vélo, ce qui donne du poids aux revendications de Vélo Québec, entre autres au niveau des aménagements cyclables.
Le legs de Gabriel Lupien compte également la mise sur pied de clubs et d’épreuves cyclistes aux quatre coins du Québec. Avec Martin Simard et Steve Vocelle, il organise, non pas sans embuches, la Coupe du Québec et la Coupe Canada de vélo de montagne à Baie-Saint-Paul, en 1995. C’est aussi à lui et ses collaborateurs qu’on doit la création des Grands Rendez-Vous Cyclistes de Charlevoix, dont l’emblématique Grand Prix Cycliste de Charlevoix, en 1999. Quelques années plus tard, il joint ses efforts à ceux du comité organisateur de la Coupe du Québec en vélo de montagne à Saint-Basile.
Durant sa croisade pour le vélo, il a signé quelques publications : Cyclisme, santé-sécurité (1960), Le cyclisme (1979) et Le cyclisme à l’école (1979).
Un hommage lui a été rendu en 1991 afin de souligner l’ensemble de sa contribution notoire à la fonction publique en tant que pionnier du développement du loisir au Québec. Celui qui a été membre de la FQSC durant près d’une dizaine d’années a reçu le prix du bénévolat en loisir et en sport Dollard-Morin pour la région de la Capitale-Nationale en 2003.
Tour à tour père rédemptoriste et père de nombreuses initiatives cyclistes, Gabriel Lupien a quitté la vie religieuse en 1971 pour devenir père de cinq enfants. Ces derniers ont d’ailleurs tous fait de la compétition en vélo, ce qui a dû l’emplir de fierté.
Celui qui a dédié sa vie au vélo s’est finalement éteint le 8 avril dernier, à l’âge de 91 ans. Chose certaine : son héritage, lui, est éternel.