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Moins de pression, plus de plaisir
mardi, 8 avril 2025
Montréal, 8 avril 2025 (Sportcom) – Léandre Bouchard a été le meilleur représentant du pays au premier cross-country de la saison du circuit de la Coupe du monde de vélo de montagne, dimanche, à Araxá, au Brésil. Le vétéran s’est classé 39e de l’épreuve remportée par le vice-champion olympique, le Français Victor Koretzky, qui a devancé Bouchard de 3 minutes 33 secondes.
Cette course marquait une nouvelle étape pour l’Olympien des Jeux de 2016 : il est de retour sous les couleurs de son club d’origine, le Club Cyclone d’Alma, après avoir couru pendant trois ans pour Foresco Holding Proco RL, qui a cessé ses opérations après le départ à la retraite de Victor Verreault à la fin de la saison dernière.
« Je suis bien satisfait de ma course et j’ai roulé de façon constante. J’ai fait un bel effort et c’est un bon résultat. De retourner en Coupe du monde avec un top-40 alors que le calibre est toujours aussi relevé et intense, alors c’est satisfaisant », a reconnu le champion canadien en titre, au lendemain de sa course où son compatriote Raphaël Auclair s’est classé 63e (+6 minutes 7 secondes).
Le budget de Bouchard sera moins élevé cette saison et il devra donc faire des choix. Il passera son tour sur des étapes européennes de la Coupe du monde, car les arrêts sur le Vieux Continent ne s’enchaîneront jamais deux fins de semaine de suite. Un calendrier frustrant pour les athlètes nord-américains, constate-t-il.
Ce qui n’est pas passé à la trappe, c’est son plaisir de continuer à s’amuser pleinement sur son vélo.
« Mon expérience fait en sorte que je suis capable d’être rapide et constant, ce qui me permet de bien m’en tirer. »
À 32 ans, le bachelier en enseignement de l’éducation physique pourrait emprunter un parcours de vie un peu plus normal que celui d’un athlète de haut niveau à plein temps. Mais le temps de changer de sentier n’est pas encore venu pour lui.
« Ç’a été de grosses réflexions là-dessus à savoir si je voulais continuer, car je pourrais enseigner du jour au lendemain. J’aime encore rouler et je suis encore compétitif, j’en ai encore la preuve en fin de semaine. Je peux être fier d’avoir été le meilleur Canadien avec le maillot de champion national. J’ai encore ma place. [...] J’aime toujours ça me dépasser et ça me ramène aux valeurs de m’amuser. Et pour moi, il n’y a pas meilleur jeu que le vélo de montagne. »
Son désir de dépassement demeure intact, mais il avoue moins se prendre au sérieux que dans le passé. Par exemple, il ne roule plus avec un modèle de vélo de la plus haute gamme, il a un choix moins varié de pneus et il a remplacé sa veste réfrigérante qu’il porte avant les courses par des sacs de glace.
C’est lorsqu’il a vu sa participation aux Jeux olympiques de Paris s’éloigner qu’il a commencé à se relâcher à propos de petites choses. Et cela a eu une conséquence qu’il n’avait pas prévue.
« Je me stresse pas mal moins pour des détails. Ça prenait de l’énergie pour tout mettre en place et ça me pesait un peu plus. [...] Ç’a m’a bien servi, car mon mental est plus décontracté, même si j’ai moins de moyens financiers. »
Vedette au Brésil
Le Brésil est en train de solidifier sa place dans le circuit de la Coupe du monde de vélo de montagne : les spectateurs sont nombreux, endiablés et les athlètes le leur rendent bien. Une autre étape du circuit sera d’ailleurs disputée à Araxá la fin de semaine prochaine sur un parcours différent.
« J’ai fait des Coupes du monde, des Jeux olympiques et des Championnats panaméricains au Brésil et je le sens bien qu’ils sont des fans. Après ma course, j’ai signé plusieurs autographes et c’est quelque chose que je ne vis pas en Europe. Avoir autant d’attention après avoir fini 39e, pour moi, ça se rapproche du Mont-Sainte-Anne, mais en dehors de la maison, alors c’est assez fou ! »
À cela s’ajoute la présence des capybaras en bordure du parcours, un rongeur que Bouchard s’amuse à surnommer le « castor brésilien », qui rend ce séjour encore plus exotique.
Commanditaire jusqu’aux abords du parcours
Un athlète de vélo de montagne a besoin d’un minimum d’aide externe, que ce soit pour être ravitaillé et avoir un soutien technique pendant la course ou bien pour préparer et ranger l’équipement de son box de préparation.
Léandre Bouchard collabore régulièrement avec les équipes québécoises Pivot Cycles-OTE ou Pittstop Racing qui sont souvent présentes en Coupe du monde. Au Brésil, c’est surtout aux bons soins de Steeve Hobbs qu’il peut se fier. L’ancien propriétaire de Foresco Holding est aujourd’hui mentor auprès des nouveaux actionnaires de la compagnie. Il continue de commanditer Bouchard à titre personnel, tant en argent qu’en temps, car le jeune quinquagénaire est de retour aux courses brésiliennes pour une deuxième année de suite.
« On se rejoint dans l’esprit de course, de compétition et de ce que ça nous apporte. Il joue un rôle de soutien organisationnel et moral », soutient Bouchard.
Le principal intéressé était à côté de l’athlète au moment de l’entrevue, alors Sportcom a profité de l’occasion pour lui demander pourquoi un préretraité irait passer deux semaines dans la campagne brésilienne à réparer un vélo et remplir des bidons au lieu de se la couler douce sur une plage ou un terrain de golf.
« D’accompagner Léandre, c’est un privilège, répond Hobbs. C’est un très bon humain et ce n’est pas compliqué d’être avec lui. On se complète très bien dans la notion de compétition, du challenge et de la préparation mentale et physique. Léandre est extrêmement discipliné dans son sport et je le suis aussi dans mes choses, alors c’est pour ça qu’il est le fun à suivre. On se rejoint bien là-dessus. »
Un peu comme si un mécène accompagnait un artiste dans son atelier de création pour être témoin de ses créations.
Rédaction Sportcom
Rédaction : Mathieu Laberge
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