14oct
Une dernière sortie qui se termine à l’infirmerie
mardi, 14 octobre 2025
Mont-Sainte-Anne, 12 octobre 2025 (Sportcom) – Un ciel bleu, un soleil resplendissant et la chaleur automnale ont planté le décor pour le dernier acte de 30 années à accueillir des épreuves de la Coupe du monde de vélo de montagne sur la scène du Mont-Sainte-Anne. L’étape québécoise ne reviendra pas au calendrier l’an prochain, principalement pour des raisons financières, mais les athlètes et les milliers de spectateurs ont voulu vivre le moment présent avant de tomber dans la nostalgie.
À la dernière épreuve du jour, le cross-country olympique élite masculin, Léandre Bouchard roulait aux environs de la vingtième place, en route vers son meilleur résultat de sa saison. Le vétéran a chuté avec deux tours à faire avant de tomber à nouveau un tour plus tard, cette fois dans la périlleuse descente de La Patriote.
L’Olympien des Jeux de Rio a perdu plus de 2 minutes avant de boucler le parcours au 33e rang (+4 minutes 47 secondes). Le Britannique Charlie Aldridge a remporté la première victoire de sa carrière dimanche, finissant devant le Chilien Martin Vidaurre Kossmann (+11 secondes) et le Français Mathis Azzaro (+20 secondes).
Après avoir brièvement salué la foule, Bouchard n’avait pas son sourire habituel et il a pris le chemin de l’infirmerie pour une série de tests. Un autre coup dur pour celui qui a été mis sur la touche pendant des mois cette saison en raison d’une fracture cervicale survenue au printemps aux étapes brésiliennes du circuit.
Le genou droit en sang, une dent cassée et le cuissard déchiré, l’athlète avait l’air d’un guerrier, comme l’a lancé à la blague son fidèle entraîneur Jude Dufour lorsque Sportcom est allé à la rencontre de son protégé. Tombé au champ de bataille, soldat Bouchard reprenait alors ses forces et ses esprits à l’infirmerie.
« À la mi-course, je m’étais dit que peu importe ce qui arrivait, j’avais déjà fait une belle course. J’étais très fier de la façon que je roulais et j’étais content de me prouver que j’avais encore des jambes pour être dans le top-20 et batailler dans ces eaux-là. J’étais très fier de ça », a reconnu celui qui fêtera ses 33 ans dans un peu plus d’une semaine.
La tristesse s’empare ensuite de lui dans son récit. Pas parce que ce top-20 lui a filé des doigts, mais plutôt parce qu’il n’a pas pu saluer chaleureusement les spectateurs comme il avait l’habitude de le faire chaque année au Mont-Sainte-Anne.
L’an dernier, l’athlète d’Alma avait signé des dizaines d’autographes aux jeunes partisans, en plus de leur donner plusieurs de ses médailles gagnées au fil de sa longue carrière.
« J’aurais aimé ça faire un peu plus un bain de foule avec le monde qui m’a porté. Ç’a vraiment été spécial pour moi de bien faire comme ça aujourd’hui et je tiens à remercier tout le monde qui était là. J’ai beaucoup d’amis et de la famille qui sont ici et la foule était incroyable ! Nous étions un train de Canadiens (dans la course) à un moment donné et je suis peut-être prêt à leur laisser le flambeau, mais de pouvoir encore rouler et d’être dans les tops au monde, c’était vraiment capoté ! »
Sans ces chutes, l’entraîneur Jude Dufour croit que le classement de Bouchard aurait pu effacer l’ardoise de cette campagne passablement difficile.
« C’était la performance de l’année pour lui et faire un top-20 aujourd’hui, ç’aurait été un baume incroyable sur la saison que l’on vient de vivre. [...] C’est la loi du sport et il faut vivre avec. Il y a plus de malheur que de bonheur dans le sport et il faut tout le temps se souvenir de ça », mentionne l’homme avec philosophie, fier de la résilience de son athlète.
Léandre Bouchard a touché au triathlon et aux courses de vélo de gravelle au cours des derniers mois. S’il n’annonce pas officiellement son départ du vélo de montagne, c’est tout de même le début de la fin pour lui.
« Je ne sais pas combien de Coupes du monde il me reste dans le corps et je ne suis pas prêt à dire que c’est la dernière. J’aime la compétition, mais je suis un peu en transition. De faire aussi bien aujourd’hui, ça redonne de la motivation. »
Jenny Rissveds en mode turbo
La Suédoise et championne du monde Jenny Rissveds a été au-dessus de la compétition à l’épreuve élite féminine et c’est avec une avance de 3 minutes et demie qu’elle a devancé sa plus proche poursuivante, la Néo-Zélandaise Samara Maxwell, qui conclut néanmoins la saison avec le titre de championne de la Coupe du monde. La Britannique Evie Richards est montée sur la troisième marche du podium.
La vitesse turbo de Rissveds, championne olympique à Rio, aura eu raison de 17 coureuses, dont les quatre Québécoises inscrites. Elles ont été sorties du parcours par les commissaires, car elles étaient sous la barre des 80% du temps de la meneuse.
Classée 39e, Laurie Arseneault (-3 tours) a été la meilleure Québécoise du jour. Elle a aussi annoncé sa retraite sportive au terme de la compétition.
« J’ai eu une dure saison côté forme, alors mon but était juste de participer et de faire de mon mieux. C’est ce que j’ai fait aujourd’hui en donnant mon 100 % de mon 60 %. Le niveau est tellement fort en ce moment », a reconnu Arseneault.
« Je n’étais pas dans la forme de ma vie, mais je voulais juste finir dans la joie et être entourée des gens que j’aime. Je suis super fière de ma carrière, même si je n’ai pas fini avec une performance de pointe comme je le voulais. »
Zorak Paillé a été le représentant québécois qui était le plus satisfait dimanche au fil d’arrivée. Classé 19e (+2 minutes 27 secondes) de la course masculine des moins de 23 ans, le cycliste de Saint-Sauveur n’a pas été épargné en début de saison. Une chute subie à l’entraînement a mené à la fracture d’un fémur, d’une omoplate et de côtes, en plus d’une main cassée et d’une déchirure musculaire à une épaule.
« Je suis parti 54e aujourd’hui, donc pas sur la dernière ligne, mais quand même en arrière. Il y avait beaucoup de trafic au début et ça gruge beaucoup d’énergie. Après ça, j’avais tellement d’encouragements et c’était malade la crowd, j’étais obligé de pousser encore plus », a commenté Paillé, ajoutant qu’il se sentait beaucoup mieux qu’à l’étape de Lake Placid, la semaine dernière, où il s’était classé 46e.
« Peu à peu, j’ai pu remonter pour faire des temps presque dans le top-10 et finir 19e. C’était fou ! À chaque tour, je rattrapais au moins un gars. »
La course féminine des moins de 23 ans a aisément été remportée par l’Ontarienne et championne du monde de la catégorie, Isabella Holmgren.
Le rideau est maintenant tombé sur cette 30e édition de la Coupe du monde de vélo de montagne du Mont-Sainte-Anne. L’arrivée du festival Crankworx annoncée pour l’an prochain animera assurément la station, sauf qu’il est principalement axé sur la descente et le slopestyle.
Reste maintenant à souhaiter que les amateurs de cross-country olympique puissent y trouver leur compte dans un avenir proche.
Autres résultats québécois
Élites hommes
57- Raphaël Auclair (-1 tour)
Élites femmes
40- Roxane Vermette (-3 tours)
42- Emma Olson (-4 tours)
43- Juliette Tétreault (-4 tours)
Hommes moins de 23 ans
30- Mika Comaniuk (+4 minutes 36 secondes)
43- Maxime St-Onge (+6 minutes 33 secondes)
48- Raphaël Piché (+7 minutes 31 secondes)
55- Félix-Antoine Leclerc (+9 minutes 30 secondes)
59- Julien Desjardins (-1 tour)
Femmes moins de 23 ans
33- Catryana Marcotte (-1 tour)
36- Marie-Fay St-Onge (-2 tour)
37- Ophélie Grandmont (-2 tour)
rédaction sportcom
Rédaction : Mathieu Laberge
Information : 514-990-0966 ou 1-866-990-0966
www.sportcom.ca