À peine quelques heures après avoir savouré sa 16e place lors des Championnats du monde de cyclocross qui se tenaient samedi après-midi à Ostende, en Belgique, Maghalie Rochette a fait le point sur sa saison qu'on pourrait qualifier de complètement folle dans son infolettre CX Fever lundi. La championne canadienne et championne panaméricaine en titre de cyclocross est revenue sur les quatre derniers mois, elle qui se trouve en Europe depuis le 30 septembre dernier.

Après quatre mois passés sur le continent européen, Maghalie Rochette pourra enfin dire mission accomplie. Si vous lui demandez si elle s'attendait à revenir chez elle après un périple de quatre mois, elle aurait éclaté de rire. Toutefois, la situation en lien avec la pandémie a changé rapidement la réalité sur le terrain. Partie avec son entraîneur David Gagnon, les deux Québécois devaient commencer la saison et prendre part à quelques épreuves de vélo de montagne avant de s'attaquer à la première épreuve de la Coupe du monde de cyclocross qui était prévue initialement le 1er novembre.

Dans la tête du couple, deux options demeuraient envisageables à ce moment. Ils passaient environ deux mois en Europe avant de revenir au Canada. Soit la situation s'améliorait et la quarantaine de 14 jours allait disparaître, ce qui leur permettrait de voyager plus facilement ou encore, soit la situation se détériorait et la saison serait annulée. Jamais, ils n'auraient pensé que la situation allait demeurer relativement stable selon les pays visités. Certaines courses ont été reportées, voire même annulées. Toutefois, les courses les plus importantes comme les épreuves de la Coupe du monde sont demeurées au calendrier.

Devant cette situation, le couple n'a eu d'autre choix que de rester en sol européen du 30 septembre jusqu'à cette semaine. Le couple est resté 122 jours loin de la maison. Pendant cette période, Maghalie Rochette a pris part à trois épreuves dans le cadre des différents Championnats du monde en vélo de montagne et cyclocross. Elle a pris part à 20 courses de cyclocross durant la saison. Elle a réalisé deux podiums, dont une victoire. Le stress était palpable tout au long du périple, puisqu'ils devaient composer avec les barrages routiers, les fermetures des frontières et plusieurs autres situations inattendues en raison des mesures sanitaires liées à la pandémie. C'est ce qu'on appelle la capacité de s'adapter.

De façon à se conformer, le coupe a dû débourser près de 5 000$ uniquement dans les tests de dépistage de la COVID-19 durant leur périple. L'isolement social a été difficile également. Durant ce périple, ils ont été en contact avec trois personnes, soient la soeur de Maghalie Rochette et son mari, Antoine Duchesne, ainsi qu'un thérapeute sportif qui a tenté de prodiguer des soins pour une blessure au cou qu'elle s'était faite lors des Mondiaux de vélo de montagne en octobre. Toutefois, la conjointe du thérapeute a testé positive à la COVID-19 quelques jours plus tard. Maghalie Rochette et David Gagnon ont dû se faire tester pour s'assurer qu'ils n'avaient pas contracté le coronavirus. Après cette aventure, le couple a décidé de ne plus faire appel à des professionnels du milieu de la santé, ce qui veut dire que David Gagnon s'est improvisé massothérapeute avec les courses pour détendre les muscles du cou de Maghalie.

Sur le plan des performances, Maghalie Rochette est consciente que les résultats ne sont pas ceux escomptés en début de calendrier. Malgré tout, elle s'est dite fière de sa saison. Elle avoue que la saison a été la plus difficile des dernières années pour elle. De plus, elle fut la première course du continent nord-américain à se rendre en Europe pour manifester son désir de venir courir sur les différents circuits de cyclocross. D'une part, elle voulait continuer de participer aux courses pour continuer de s'améliorer, puis elle voulait également offrir la visibilité à ses partenaires qui se sont tous engagées à la soutenir durant la pandémie.

À aucun moment, le couple a décidé d'abandonner. Dans l'adversité, ils ont persévéré. Pour eux, l'important c'était de faire de leur mieux. Même si certains moments ont été difficiles, le tandem n'a jamais perdu le sourire et le plaisir de la compétition.

C'est avec un état d'esprit frais et positif que la coureuse de Sainte-Adèle a abordé l'ultime et dernière course de la saison, mais aussi la plus importante, les Championnats du monde UCI de cyclocross. L'événement se tenait sur l'un des parcours mythiques, soient celui d'Ostende en Belgique. Pour Maghalie, David et leur chienne Mia, c'était jour de fête! Dans la tête de Maghalie Rochette, c'était l'occasion de célébrer cette saison éprouvante avec un dernier effort soutenu pour 50 minutes. La température froide et pluvieuse ont rapidement fait descendre la coureuse de son nuage.

Avec des conditions particulièrement difficiles, Maghalie Rochette se trouvait en première ligne dès le départ. Une chute devant elle dans les premiers virages de la course ont légèrement ralenti son rythme. Elle s'est retrouvée dans le peloton. Après le premier tour, la coureuse se trouvait en 24e place. Elle n'a jamais arrêté de pédaler et courir pour finalement conclure la course au 16e échelon. Avec un tour de plus, la coureuse québécoise aurait pu franchir la ligne d'arrivée dans le top-15. Plus la course avançait, plus elle reprenait du poil de la bête.

À ses yeux, le sable est un élément spécial à contrôler en cyclocross. C'est un art! Ce n'est pas sa tasse de thé, mais elle s'efforce à améliorer cet aspect de la course. La ligne est fine entre essayer de pédaler et quitter sa monture pour faire une portée et courir avec le vélo sur l'épaule. Selon elle, il est important de garder un bon rythme en pédalant pour aller plus vite, sans quoi l'athlète peut perdre du rythme, ce qui aura pour effet d'affecter sa course à pied. Les transitions sont très importantes, ça fait une grosse différence sur le résultat. Maghalie Rochette estime qu'elle aurait pu mieux gérer ses courses question de courir moins par moment et parfois, plus. Trouver l'équilibre, ce n'est pas évident quand tout se passe très vite autour de soi.

Un changement de stratégie au troisième tour a porté ses fruits. Maghalie Rochette a décidé de mieux aborder une section du parcours où deux ponts étaient liés par un long tronçon de sable. Elle a décidé de faire plein gaz sur la section de gazon juste avant cette portion difficile du parcours. C'est exactement à ce moment-là qu'elle a commencé son ascension au classement de la course. Elle a grimpé les positions un tour à la fois. Cette stratégie lui a bien servi. Même si 16e place ne l'excite pas plus qu'il le faut, Maghalie Rochette était fière de sa course, puisqu'elle a persévéré jusqu'à la ligne d'arrivée. Elle n'a jamais arrêté de se battre même si elle ne se sentait pas particulièrement bien.

À la fin de la course, toutes les coureuses étaient exténuées et frigorifiées en raison du fort vent qui soufflait sur la berge d'Ostende. Les doigts congelés revenaient tranquillement à la vie. Finalement, elle avait de quoi être fière, puisqu'elle avait réussi.