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La nouvelle retraitée Karol-Ann Canuel signe un texte sur l'impact du cyclisme dans sa vie

mardi, 23 novembre 2021
Canuel Karol Ann2018 B

Le cyclisme fait partie de ma vie depuis que je suis toute petite et je pense qu’il fera toujours partie de qui je suis. J’aime m’entraîner; j’adore être sur mon vélo et je ne pense pas que cela va changer.

Le sport m’a permis de voyager et de voir d’innombrables paysages depuis mon vélo. Il m’a également permis de rencontrer des gens merveilleux, de nouer des amitiés pour la vie et d’apprendre de tant de personnes différentes tout au long de ma carrière. Mais surtout, le cyclisme m’a appris sur moi-même. J’ai beaucoup appris sur qui je suis, en tant qu’athlète et en tant que personne, et cela m’a permis de grandir et d’apprendre à gérer les différentes choses que la vie me réserve.

En septembre, j’ai participé à la dernière course de ma carrière aux Championnats du monde sur route en Flandre. J’ai spécifiquement choisi cette course pour être ma dernière, sachant que la riche histoire et culture de la Belgique en matière de cyclisme contribueraient à rendre l’expérience inoubliable. Le jour venu, je me sentais en forme et tout ce que je voulais, c’était de sentir me bien sur le vélo et de ne pas tomber.

Au cours de ma carrière, j’ai eu d’innombrables petites chutes qui m’ont laissé quelques égratignures et un peu de douleur chaque fois que j’ai essayé de prendre une douche ou de dormir pendant les semaines suivantes. Ces petites chutes sont les « bons accidents » … mais il y a aussi les mauvais. En 2014, je me suis cassé le cou et j’ai eu une commotion cérébrale au milieu de l’année. À la fin de cette même saison, je me suis cassé le bassin. En 2019, je me suis cassé la clavicule. Après avoir eu 30 ans, j’ai l’impression que j’ai arrêté de prendre des risques parce que chuter n’en valait simplement plus la peine. C’est cette prise de conscience qui m’a fait comprendre que la retraite était imminente parce que je ne pense pas qu’on puisse continuer à courir au plus haut niveau sans prendre de risques. Mais avant de prendre ma retraite, il me restait un grand objectif, et c’était de revenir aux Jeux olympiques en 2020.

Après Rio en 2016, je voulais vraiment revenir avec plus d’expérience et voir ce dont j’étais capable. Cependant, la COVID-19 a fait basculer les plans et j’ai dû courir pendant une année supplémentaire afin de pouvoir représenter le Canada à ces Jeux. J’ai moins couru l’année dernière; j’étais plus concentrée sur mon entraînement et je visais de grands événements comme les Jeux olympiques et les Championnats du monde.

Même quelques semaines après ma dernière course, je ne pense pas je réalise encore que j’ai pris ma retraite. En ce moment, on dirait plus un congé vraiment génial. J’ai fait des sorties que je n’ai jamais eu la chance de faire car mon entraînement était tellement spécifique. J’ai exploré de nouvelles routes en Espagne; j’ai fait quelques aventures de gravel; j’ai commencé à courir ; la liste se poursuit. Tout en profitant de tout cela, j’essaie également de déterminer la prochaine étape de ma vie.

Beaucoup de gens m’ont demandé : « Que vas-tu faire maintenant que tu as arrêté le cyclisme professionnel ? » et la vérité est que pour le moment je ne sais pas, et je pense que c’est correct.

Je veux prendre mon temps pour trouver ce qui me passionne et m’assurer que mon prochain objectif sera quelque chose qui me rendra heureuse. Je veux essayer différentes choses et je suis reconnaissante d’avoir la chance de pouvoir vraiment explorer.

Pendant que je vis toutes ces aventures incroyables, je repense aussi à ma carrière. J’ai eu des hauts et des bas. Cela n’a jamais été facile. Je me souviens avoir presque abandonné le sport juste après avoir terminé 5e aux Championnats du monde en tant que junior et il m’a fallu quelques années pour retrouver mon rythme et revenir à un niveau élevé. Cette période m’a simplement montré qu’on ne peut pas toujours être au sommet et m’a fait réaliser l’importance des personnes avec lesquelles on s’entoure. Choisissez sagement.

Je pense aussi qu’il est important de progresser à chaque année dans ce sport. On peut avoir une longue carrière en cyclisme, donc il n’est pas nécessaire de sauter des étapes mais assurez-vous de vous améliorer chaque année. Je pense qu’un équilibre entre le cyclisme et une vie normale est également primordial. Le cyclisme est un sport difficile, et c’est particulièrement difficile pour nous Canadiens parce que nous devons venir en Europe pour courir au plus haut niveau. J’ai toujours été jalouse de mes coéquipières européennes qui pouvaient rentrer à la maison après une course. Le fait de venir d’un autre continent est particulièrement difficile, mais tous ces défis ont valu la peine car j’ai pu représenter mon pays à tant d’événements internationaux. Mes meilleurs souvenirs sont mes médailles d’or au contre-la-montre par équipes en 2014, 2015 et 2016… la seule épreuve où l’on peut monter sur le podium avec toute l’équipe !

Après toutes ces années à courir en tant que pro, j’espère que ma carrière pourra inspirer la prochaine génération d’athlètes, leur montrer qu’il est possible de réussir en Europe et de performer au plus haut niveau du sport.

(Article pris sur cyclismecanada.ca)

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