Recherche

Route

Nouvelles / Route

« Mon parcours » - Simone Boilard

dimanche, 14 février 2021
Simone Boilard
Simone Boilard

Depuis deux ans, disons que je n’ai pas fait parler de moi pour mes résultats sur le vélo. En fait, ces deux années ont été très difficiles pour moi.

Tout a commencé au début 2019 lorsque je n’arrivais plus à pousser sur mon vélo. Au début, ce n’était qu’une sensation de jambes lourdes. Je ne me suis pas trop alarmée, car j’avais de bons résultats et je performais assez bien. Mais, en avril 2019, j’ai eu une contre-performance à une course par étapes en Arkansas; j’avais de la misère à suivre le rythme de course et mes jambes brûlaient anormalement. Je suis revenue à la maison complètement bouleversée. Je suis allée voir un médecin sportif, qui m’a prescrit de me reposer, car j’étais sans doute simplement fatiguée.

Après deux semaines d’inactivité, j’ai essayé de m’entraîner à nouveau. Je me sentais bien et reposée, mais dès que l’effort devenait trop intense, j’avais les mêmes sensations de blocage. C’était difficile d’exprimer cette douleur. Elle n’était ni concrète ni précise. Tout ce que je ressentais, c’était des « jambes lourdes ». Je me suis mise à paniquer. Tous mes gros objectifs de la saison approchaient à grands pas. Un jour, alors que je revenais d’un entraînement que j’avais été incapable de compléter à cause de cette drôle de sensation, j’étais distraite, j’ai brûlé un feu rouge et je me suis fait frapper. J’ai été relativement chanceuse, et je m’en suis sortie avec une commotion mineure. Ça a été la goutte qui a fait déborder le vase. Je me suis dit : « Ok Simone, soit tu arrêtes de creuser ton trou, soit la prochaine fois ce sera un autobus qui te frappera. »

J’ai donc pris la décision de prendre une pause le temps de guérir ma commotion et d’essayer de comprendre ce qui se passait. En septembre 2019, après m’être posée quelques questions existentielles, j’ai conclu que j’avais sans doute eu les jambes lourdes par fatigue, et que j’étais désormais prête à revenir dans le monde du cyclisme sous de meilleures conditions. Mon copain, Nickolas Zukowsky, a fait part à son entraîneur, Pierre Hutsebaut, de mon désir de revenir au top. Pierre m’a contacté quelques temps après pour m’aider. J’ai tout de suite voulu travailler avec lui. Il avait un super plan de match pour moi : refaire mes bases, retrouver le plaisir sur mon vélo et retrouver un équilibre en allant à l’école en présentiel pour la session d’automne. Après quelques semaines, je me sentais super enthousiaste face à ma préparation. C’était bien de recommencer l’entraînement structuré et d’avoir la tête dans mes cahiers d’école.

En janvier 2020, Pierre a conclu que j’étais prête à recommencer l’entraînement plus intense au niveau professionnel. J’ai fait mes valises, et je suis partie en Arizona pédaler sous la chaleur et rejoindre mon équipe pour entamer la saison 2020. J’avais hâte et je me sentais d’attaque. Malheureusement, dès que les efforts sont devenus plus intenses et soutenus, je me sentais encore bloquée. Cette fois-ci, ce n’était plus une simple sensation, j’avais des points plus concrets au niveau des cuisses. Avec Pierre, on croyait que j’étais courbaturée dû à mon programme de musculation. J’ai continué à m’entraîner et à endurer la douleur jusqu’en mars 2020 où, lors d’une sortie d’endurance dans le Mont Lemmon, j’étais incapable de grimper à faible intensité et je devais prendre des pauses à chaque mile. J’ai appelé Pierre et on a conclu que je devais rentrer à la maison pour investiguer ce problème de jambes avec mon médecin sportif.

De retour à la maison, le COVID-19 a fait trembler le monde. Les hôpitaux et tous les professionnels de la santé étaient débordés et je n’ai pas pu consulter un médecin. J’ai pris mon mal en patience; avec tout ce qui se passait dans le monde, mon problème de jambe à l’effort n’était relativement pas très grave. J’ai continué à m’entraîner ou plutôt à me « maintenir » sans faire d’efforts trop intenses en attendant l’appel du médecin. En mai 2020, mes symptômes étaient de plus en plus précis et intenses, et tous concentrés dans la jambe droite. J’ai fait quelques recherches sur Internet et je suis tombée sur un problème typique, mais peu connu chez les cyclistes : l’endofibrose à l’artère iliaque, qui s’explique par un rétrécissement de l’artère iliaque au niveau du psoas. Cela fait en sorte que le sang passe moins bien dans la jambe et donne une sensation de « jambe morte ». Une cloche a sonné dans ma tête et je me suis dit : « C’est ce que j’ai! ». En attendant de voir un médecin, j’ai ajusté mon entraînement avec mon entraîneur. Heureusement, il n’y a pas vraiment eu de compétitions à cause de la pandémie, donc j’en ai profité pour faire des sorties plus longues et moins intenses.

En septembre 2020, j’ai finalement eu un diagnostic officiel d’endofibrose à l’artère iliaque droite. D’un côté, j’étais infiniment soulagée d’enfin comprendre ce qui se passait dans mon corps, mais d’un autre je me disais : « J’étais où pendant tout ce temps pour ne pas m’en être rendue compte avant? ». Je me demandais aussi : « Qu’en est-il pour ma jambe gauche? », car depuis le début, je ressentais des douleurs aux deux jambes. Encore une inquiétude! J’ai alors contacté la meilleure physiothérapeute selon moi, Julie Gardiner, pour qu’elle m’examine. Après quelques séances, elle a conclu que j’avais une forte tension au niveau thoraco lombaire, qui pouvait expliquer pourquoi je ressentais aussi des symptômes à gauche. Enfin soulagée et éclairée de l’ensemble de mes problèmes, on a pu se créer un plan de match ensemble pour guérir mon endofibrose, mais aussi régler mon problème au dos.

Le 2 décembre dernier, je me suis finalement fait opérer à l’artère iliaque droite à l’hôpital Saint-François d’Assise à Québec. L’équipe de chirurgie vasculaire m’a enlevé près de huit centimètres d’artère.

Au moment d’écrire ces lignes, nous sommes en janvier 2021 et j’ai déjà un mois et demi de fait dans ma réhabilitation. J’ignore combien de temps cela va me prendre pour régler à la fois mon artère droite et mon dos. Par contre, je suis bien motivée à guérir et revenir au top rapidement. J’ai encore de grands objectifs en cyclisme et une énorme flamme en moi.

D’ici là, je souhaite à tous une belle saison 2021. En espérant vous croiser à vélo le plus rapidement possible!

Partenaires cyclisme sur route
Partenaires FQSC